Je ne propose pas une éducation qui convienne à tout le monde, j’en suis consciente, bien que ce soit toujours dit de manière bienveillante, je ne suis pas là pour dire tout ce que les humains de chiens veulent entendre.
Si on est obsédé par le fait d’avoir un chien qui fait bien, qui doit connaître les fameux assis, coucher, pas bouger, au panier et au pied, ça sera dur de faire un suivi éducatif avec moi. La liberté d’être et de choisir, l’autonomie, le bien être a bien plus d’importance que l’obéissance « bête et méchante » à mes yeux. Je continuerai à suivre cette voix parce que je pense que c’est bien plus enrichissant pour chacun. Je tenterais toujours de convaincre ceux qui peuvent écouter et changer, quitte à faire partir les autres, parce que je suis persuadée que le résultat sans cette obéissance est tout encore plus utile, en étant plus agréable.
Si on est convaincu d’être le maître de son chien, d’être celui à qui il obéit car on est supérieur, pour qui on décide que c’est comme ça et pas autrement, ou qu’on a toujours fait comme ça donc on ne changera pas, ça sera impossible de continuer ensembles. L’éthologie a apporté (et apportera probablement) des preuves de la nécessité d’utiliser des méthodes d’éducation positives. Les chiens ont besoin d’être écoutés et compris, et cela peut rendre leurs humains heureux, en plus de rendre les chiens bien moins dangereux.
Si on est impatient, dur, incohérent, ça sera aussi laborieux, car les piliers de l’éducation que je propose sont à l’inverse de l’immersion, et de l’excès. Ces piliers sont la progressivité, la cohérence, la bienveillance. Je refuse qu’on force le chien à subir trop vite des choses qu’il n’aura même pas le temps d’analyser. Pas d’école du chiot sur un terrain entouré de chien sans avoir le droit d’être attentif aux autres, suivis de récréation, pleines de décharges, où harceleurs et excités se renforcent, alors que les harcelés terrifiés ne peuvent s’en extraire. Pas de balade au marché avec des chiens qui ne savent déjà pas gérer ne serait-ce que la ville. Pas de au pied surtout pour des chiens qui ne savent même pas être à l’aise avec les rencontres. Pourquoi ? Si ça fonctionne, c’est juste parce que le chien est très à l’aise. Si ça n’est pas le cas, celui qui n’arrive pas à subir finira dans la catégorie des chiens ultra stressés, résignés, malheureux mais qui ne réagit pas. D’autres deviendront ceux dont on ne peut rien faire, qu’on euthanasie, qu’on abandonne, qu’on laisse dans le jardin dans un chenil, car ils sont devenus agressifs ou réactifs, et c’est hors de question pour moi. Je préfère une éducation qui convienne à tous les chiens et qui leur permettre d’être serein en toute situation !
Si on prend un chien juste parce que c’est beau, c’est doux, et ça fait des câlins, je pense qu’on ça sera compliqué. Car un chien se roule dans des trucs horribles pour nous, va dans les flaques d’eau, perd ses poils, peut faire du bruit, sent les fesses des autres chiens, fait pipi et caca, renifle des pipis et des cacas (parfois, ça les mange aussi quand ce sont ceux d’autres espèces). Tout ça normal ! On doit accepter qu’un chien est un chien, parce que ça n’est pas une évidence mais je pense que ça devrait l’être.
Si on prend un chien sans vouloir s’en occuper, pour garder la maison, avoir une présence, ou juste pour le paraître ou faire une activité, ça sera tout aussi laborieux ! Car un chien doit se sortir en prenant son temps, même si on a un jardin, ça n’est ni un objet, ni un faire valoir, et ils ne sont pas fait pour vivre seul sans interactions avec leur famille et d’autres chiens.
Si on prend un chien pour le rendre fou de nous, ça sera pénible. Des chiens en sont à un point où ils ne savent plus vivre un seul instant sans nous (à nous suivre partout, ne pas manger ou boire sans nous, ne pas supporter de nous partager, se mutiler ou tout détruire en notre absence…), ou ne plus savoir prendre une seule décision tout seul. Il arrive qu’on ne veuille pas changer nos habitudes parce qu’on « l’aime » trop. Je pense que le bien être du chien passe par la capacité à être avec et sans son humain sereinement. Le rendre dépendant de nous lui causera bien trop de mal être, et si on l’aime, on doit chercher à ce qu’il soit apaisé ! Alors oui, je proposerai de se détacher de lui, pour qu’il soit plus serein.
Je sais que les gens qui pensent faire appel à un éducateur canin pour qu’il arrive, change le chien totalement, et reparte sans qu’ils n’aient rien à faire, ne continueront pas avec moi. Les chiens apprennent autant les bons comportements et ceux qui nous dérangent grâce et à cause de nos réactions. Il faut accepter de se remettre en question. Car en réalité, on éduque l’humain à éduquer, comprendre, accepter, respecter son chien ! Donc ce qu’on transmet en une séance est à s’approprier et refaire au quotidien.
Vous devez vous dire à ce stade là de la lecture, qu’elle juge tout le monde celle qui écrit ! C’est pas son genre d’habitude… Ne vous en faites pas, heureusement, je sais qu’il est possible que les humains s’adaptent à leur chien, l’écoutent, l’assument, et l’aident à devenir bien dans ses pattes s’ils en ont la motivation ! Même si on a débuté avec un chien pour les raisons listées ci dessus. Je sais que certains sont prêts à évoluer avec leur chien.
Oui, ça demande des efforts, du temps, mais s’il y a une chose que je comprend c’est bien cela. Je ne vous demande pas de changer vos réactions et vos habitudes au hasard. Je ne vous demande pas tout cela sans moi même l’avoir vécu. Moi aussi je parlais de chien dominant, moi aussi j’ai crié sur ma chienne et dit non à tout bout de champs, moi aussi je lui ai mis un collier, une laisse enrouleur, et je ne la sortais pas assez parce que j’avais un jardin, moi aussi je l’ai forcée à être touchée par des inconnus pour soit disant la socialiser. Moi aussi j’ai joué à la balle, moi aussi j’ai confondu la surexcitation, le stress, voire la prédation avec la joie. Moi aussi j’ai aimé ma chienne incroyablement mal, la rendant paniquée sans moi à la maison, mais incapable de se soucier de moi dehors. Moi aussi j’ai choisi ma chienne n’importe comment, sur un coup de cœur, parce qu’elle était belle, sans avoir aucune connaissance sur le comportement, le choix d’un élevage ou d’une race.
Mais j’ai assumé la totalité de mes erreurs qui avaient conduit à faire d’elle une chienne terrifiée, agressive, en colère, qui ne pouvait ni être libre ni être seule. Je suis passée par toutes les phases d’une rééducation intense, compliquée, difficile à vivre pour nous (ma chienne et moi avons été rééduquées, pas qu’elle). Je me suis levée tous les matins une heure plus tôt pour aller la balader. Je l’ai sortie en choisissant minutieusement les lieux pour que cela corresponde à ses besoins, et que cela participe à sa rééducation. J’ai mis en place des moments de solitude choisis. J’ai arrêté de mal gérer les moments d’excitation de ma chienne. J’ai réappris à la comprendre et à communiquer correctement avec elle. J’ai trouvé des chiens à lui faire rencontrer, en sécurité mais avec la peur au ventre quand même. Je l’ai détestée certains jours, je me suis détestée autant, et je l’ai aimée bien plus souvent, et bien plus sainement. Grâce à tout ça jamais je ne vous jugerais.
Certains abandonneront, ou contacteront quelqu’un d’autre, j’en suis consciente. Mais je continuerai à m’accrocher à mes idéaux, car je suis persuadée avec ce que j’ai appris aujourd’hui, que je propose une éducation respectueuse autant pour l’humain que le chien. Quitte à en perdre en route, je pense que j’offre tout ce que j’ai de mieux aux humains et chiens qui acceptent de m’écouter ! Évidemment, ça ne m’empêchera pas de continuer à me former et m’informer, car ces certitudes actuelles pourraient être remises en cause par les découvertes de demain.
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