Au panier, vas coucher : c'est le moment d'arrêter

La plupart des gens que je rencontre veulent apprendre cet ordre à leur chien. Pour etre tranquille, quand il a fait une « bêtise », ou simplement parce qu’ils pensent que c’est nécessaire car ils ont toujours vu les gens apprendre ça à leur chien. De même que « au pied » (j’en parlerai plus tard pour celui là, promis), mes chiens ne connaissent pas « au panier ». Et vous savez pourquoi ? En plus de ne servir à rien du tout, cela peut engendrer des problèmes.

Commençons par faire un parallèle avec nous. Imaginons que chaque jour, une personne nous dise « au lit ! » dès que nous avons faim, et que réclamons le repas avec trop d’insistance. Quel est l’intérêt d’apprendre à aller dans se coucher alors que nous pourrions apprendre à patienter calmement, ou même à réclamer plus poliment ? Le fait de punir un comportement n’aide pas à apprendre ce qu’il faut faire, et en l’occurrence aller au lit pour apprendre à ne pas réclamer n’a aucun sens.

Si je l’ai mal vécu cet envoi dans mon lit, je ne vais pas l’associer à quelque chose d’agréable… Alors que c’est censé être un endroit confortable, où on se sent suffisamment bien pour se détendre totalement, sans être sur ses gardes. Chez le chien cela pourrait avoir comme conséquence du stress, un mauvais sommeil, une destruction du panier, ou même des pipis dans le panier ! Ce serait embêtant pour nous, mais bien pire pour le chien, qui exprime simplement son mal être. Pire encore, il pourrait grogner dans son panier, ne plus vouloir qu’on en approche, ou même mordre celui qui passe à côté. Et il faut aussi penser qu’un stress récurrent, quotidien, associé à un repos altéré, a de lourdes conséquences sur la santé mentale et physique. De plus, avoir un seul panier, où on le force à rester, où il n’y a aucune échappatoire, où on passe son temps à être puni, ça fait forcément devenir un peu irritable et nerveux !

Même si c’est appris avec un renforcement positif, je ne vois pas d’intérêt à le faire. Si quand j’ai faim je finis par être conditionné à aller dans mon lit, je pourrais finir par penser à la nourriture dès que je serai au lit. Si un jour ça arrive, je suis foutue, j’y pense déjà assez comme ça pour ne pas en plus bousiller mon sommeil avec ça ! Mais plus sérieusement, il s’agit quand même d’apprendre au chien à rester dans une zone sans pouvoir s’en extraire, peu importe si des inconnus sont là et qu’il n’est pas à l’aise avec eux, alors que le panier est à proximité d’eux. Il ne peut pas aller se cacher sous la table si soudain un bruit lui fait peur. Il ne peut pas changer de pièce s’il a envie d’être au calme pour se reposer, aller sur du carrelage parce qu’il a trop chaud, ou chercher un endroit plus ou moins moelleux qui convient mieux à son envie du moment où ses douleurs.

Pour toutes ces raisons, pour le bien être de mes chiens, parce que je me contrefiche du regard des gens qui pourraient penser que mes chiens ne sont pas éduqués vu qu’il ne connaissent aucun des « ordres de base », et parce que je réfléchis à toutes les conséquences de chacun des apprentissages qu’ils vivent (ou subissent), mes chiens ne connaissent pas au panier. Et je ne l’apprend pas non plus à mes clients.

Au contraire ! Je leur propose d’offrir à leur chiens au moins 2 lieux de couchage différents, dans des endroits différents, et si nos chiens aiment se coucher ici ou là, sur le carrelage le canapé ou leur panier, il n’y a aucune obligation, et c’est très bien ainsi. Évidemment ils apprennent à être calmes à la maison, mais différemment. Ils connaissent « tu te calmes? » « Tu laisses? », etc. Mais pas associés à une position précise ou un lieu précis, et ça fonctionne très bien ainsi.

À chaque fois que vous voulez apprendre quelque chose à vos chiens, je vous invite à réfléchir à l’utilité de l’apprentissage, son but, ses potentielles conséquences, comment le faire de manière positive et bienveillante.