L'empilement des déclencheurs

Pour changer, une petite aventure m’a inspiré pour l’écriture. Ce midi, on s’arrête avec Jounka pour manger quand soudain un avion de chasse passe très prêt au dessus de nous, faisant un bruit impressionnant. Jounka observe, couchée. Puis un second passage la fait se lever. Un troisième et elle a le regard inquiet et la queue basse. Un autre et elle se met à trembler. Je la rentre en voiture et démarre, simplement. Tant pis pour la pause déjeuner, il valait mieux l’écourter pour elle. Elle a mis une dizaine de minutes a se calmer, à ne plus montrer de signes d’anxiété, contre quelques secondes au premier passage de l’avion. D’ailleurs, durant cette après midi, elle a été plus stressée que d’habitude. Les expériences négatives, qui d’habitude ne la touchaient pas, ou à peine, l’ont plus fait réagir.

Je vous raconte ça parce que vivre une expérience stressante peu passer. Mais plusieurs d’affilé, sans avoir le temps de se calmer et de la « digérer », ça peut être trop dur à gérer. Le stress est normal dans la vie d’un chien, on ne peut pas l’empêcher d’en vivre ! Sinon il ne vivrait plus vraiment. Cependant, un stress intense, répété, sans capacité de pouvoir s’en extraire, ça ça n’est pas normal ni bon. Et c’est ce qui va causer de gros problèmes de mal être, de phobie, d’agressivité ou même mettre dans un état de détresse acquise gravissime.

[Courage à vous, les chiens qui subissent la vie avec une clôture anti fugue ou un collier électrique, j’espère que vos humains liront ces mots ou d’autres. Car ça a clairement le même effet que l’avion, avec les dommages physiques en plus, et de manière tellement répété que ça en est terrifiant. Je sais que vous n’avez plus rien envie d’essayer, que toute initiative vous terrifie parce que vous savez qu’elle peut mener à une électrocution, mais promis petits chiens, nous essayons de faire évoluer les choses. Ah mince ils ne savent pas lire. Mais vous, si ?]

Si vous avez suivi, pour que vos chiens vivent sereinement, ne les emmenez pas au marché pour les socialiser, ne leur présentez pas plein de chiens n’importe comment pour leur apprendre à communiquer ou résoudre des problèmes de comportement, ne faites pas les sorties d’école avec votre chien, n’allez pas à l’école du chiot, n’allez pas en ville le week-end où c’est rempli de monde pour lui apprendre à gérer ce milieu là. L’immersion, ça n’est pas éducatif.

Pour éviter cet empilement de déclencheurs, soyez progressifs, laissez leur du temps pour se remettre d’une forte émotion, laissez leur le choix de ne pas rencontrer, ne faites pas d’immersion, choisissez les bonnes rencontres. Pensez à cela aussi lors de vos visites vétérinaires ! Si votre chien n’aime pas la voiture, les gens, les chiens, les odeurs stressantes du vétérinaire, et qu’il subit tout ça avant d’arriver à la consultation, cela risque d’être compliqué pour lui.

Bien gérer ce type d’expérience permet aussi ne pas abîmer le lien de confiance. Forcer à vivre quelque chose de si stressant risquerait de l’abîmer ! Soyez les gardiens de vos chiens, pas ceux qui les mettraient dans une sale pleine d’insectes s’ils étaient arachnophobes, mais ceux qui leur montreraient la sortie ou qui leur montreraient qu’ils ne sont pas obligés de rentrer.

Etre de bons humains de chiens, c'est être de bons gardiens