Favoriser de bons apprentissages sociaux

Le temps d’une balade en liberté, les chiens apprennent énormément ensemble. Ils peuvent aboyer, grogner, mordre, mordiller, apaiser, jouer, ignorer, ou même flairer ensemble et marquer ! Toutes ces actions ont des conséquences, grâce auxquelles les chiens apprennent la communication canine.

Il est important de ne pas constituer uniquement un groupe de petits ou grands chiens, de primitifs, de nordiques, de bergers, ou de molosses, de terriers, de chiots etc. Une balade avec différentes races, tailles, âges c’est bien mieux. Hé oui, un groupe de chiens tout simplement, diversifié, qui peut s’équilibrer. On dit non au racisme, même chez les chiens !

Ainsi les petits apprendront à ne pas avoir peur des grands, les grands à respecter les petits, les chiots à devenir des chiens. Tous pourront aussi apprendre à ne pas faire que courir, s’exciter, partir loin ou rester juste à côté de leurs humain… Ils apprendrons à sentir, communiquer, réfléchir, s’apaiser.

Plus les chiens sont différents, moins ils se renforcent ensemble dans les mêmes comportements. Imaginez un groupe de 20 bergers, qui courraient partout sans s’arrêter d’aboyer, un groupe de nordiques tous en laisse à tracter, un groupe de terrier occupé à chasser dans des terriers (évidemment) ou un groupe de molosses s’entraînant au catch.

Être avec des chiens différents, c’est apprendre avec eux. Autant apprendre des choses qu’on ignore, plutôt que de revoir des choses qu’on connait déjà. Plus on en sait, plus on est adaptable, mieux on se comporte partout et avec tout le monde !

 
Similaires et différents à la fois, mais quoi qu'il arrive complémentaires

Petit exemple : Minus le Tornjak et Nano l’Australien.

Ils s’adorent, et ne se ressemblent absolument pas. Nano, c’est celui qui aime toutes les nouvelles rencontres, s’attache vite, qui court, vole même parfois et qui a du mal à partager certaines choses (même si maintenant c’est beaucoup mieux !). 

Minus, c’est ce gros chien, qui adore ne pas bouger, qui a du mal avec les nouveaux, et qui met du temps à faire confiance et s’attacher, mais une fois que c’est le cas il est capable de tout donner.

Ça n’est pas parce que l’un est un chien de garde de troupeau, et l’autre un chien de gestion de troupeau qu’ils se détestent, bien au contraire. Ça n’est pas parce que leurs races sont bien distinctes, autant que leur poids ou leur taille, qu’ils sont incapables de se comprendre. Ça Nano aimerait ne faire que s’exciter que qu’il faut le mettre avec d’autres chiens qui ne font que ça, bien au contraire. Apprendre à s’exciter, ne faire que courir, jouer, ça peut apprendre à ne pas gérer ses émotions, être harceleur, réactif, donc pas très bien dans ses pattes…

Second exemple : balade entre Griotte la lévrier italien, Loulou et Daya les chihuahua, Jounka l’akita. Il y a un chihuahua aveugle et qui protège beaucoup de choses et aboie facilement par peur, une lévrier italien qui fuit toutes les rencontres canines, une chihuahua qui n’aime pas quand ça bouge, et une akita qui n’aime pas le contact avec les humains. Ils ont chacun énormément à apprendre de l’autre chien, et peuvent s’entraider. En balade ça se passe vraiment bien entre eux. D’un coup le chihuahua aveugle n’aboie plus et se laisse guider par les autres, il ne protège rien, la lévrier italien accepte de s’approcher de l’akita, la chihuahua accepte de voir des chiens qui vont et viennent, et l’akita n’est plus le centre de l’attention des inconnus, ce qui la soulage. Magique non ? De plus, ces chiens rencontrent plus de difficultés à partager ensemble la vie en intérieur. Commencer par apprendre à se connaître dehors, dans un environnement riche et ouvert, cela contribue à ce qu’ils soient ensuite plus détendus ensembles en milieu clos avec les nombreuses ressources qu’il contient.

Libres de leurs choix, ils ne sont pas forcés à échanger, et le font plus volontairement pour autant

Autre exemple : Jounka a bien plus de joie de vivre depuis qu’elle vit avec Minus et Nigel. Nigel l’a aidé à mieux gérer les rencontres canines vu qu’il est très adaptable, ce qu’elle n’était pas. Minus gère de mieux en mieux les rencontres humaines depuis que je sélectionne des copains sociables pour l’accompagner. Enfin, Nigel est plus calme qu’à son arrivée, soit depuis qu’il est avec Minus et Jounka. Il n’était pas anodin pour moi de former un groupe si hétérogène. C’était clairement volontaire ! 6 à 57kg, sociable et réactif, volontaire ou flemmard, lent ou très actif, partageur ou non, proche de l’humain ou non, chasseur ou non… Chacun à quelque chose à apporter à l’autre, et ils ont formé des liens incroyables malgré leurs dissemblances.

Oh et je vais vous dire un petit secret que Minus essaie de cacher : sa race préféré c’est le chihuahua, à poils long c’est encore mieux. Il a déjà réussi à s’adapter à tel point qu’il a joué avec un loulou de 1,5kg, aveugle. C’est le seul chien avec qui ce mini toutou ait accepté de jouer. Incroyable non ? Je suis désolée d’avoir ébruité cette affaire, il va m’en vouloir de ne plus passer pour un caïd !

 Il y a tellement de chiens différents, que ce soit en tempérament, ou en races. Servez vous en pour faire évoluer votre chien. Et je ne sais pas vous, mais moi, j’adore voir plein de chiens différents ensembles, quelque soit leur taille, leur âge, ou leur race, ou leur caractère. C’est bien plus intéressant et riche ! 

Si si, si vous cherchez bien vous discernerez deux chiens !

Partager une balade, avec des chiens en liberté ou en longe, permet également d’aider nos compagnons à apprendre des choses indispensables à la vie quotidienne avec nous. On peut les guider, mais on évite de tout contrôler et de leur parler sans cesse pour qu’ils comprennent par eux même, restent eux même, et qu’on ne les robotise pas !

Ainsi ils apprennent :

  • à bien rencontrer, à interagir avec d’autres chiens,
  • à gérer leur irritabilité, en ayant des contact rapprochés par exemple (sans être brute pour autant)
  • à faire attention aux autres et à leur propre corps même s’ils sont avec des copains,
  • à ne pas faire que jouer ou être excité, mais aussi sentir, être calme, explorer, réfléchir, 
  • à ne pas réagir à tous les mouvements puisqu’il y a bien plus intéressant à faire, et qu’il y a de bons exemples à suivre,
  • à ne pas protéger leurs humains, à rencontrer des humains inconnus,
  • à partager des odeurs, de la nourriture et des selles d’autres espèces (et on les aime quand même !), toutes ces choses qui sont des ressources de plus ou moins fortes valeur pour chaque chien.

Tout ça, c’est vraiment indispensable ! Sinon on se retrouve vite avec un chien qui pince tout ce qui bouge, qui agresse tous les êtres vivants qui approchent de leurs humains, qui fuit les rencontres, qui agresse pour éloigner tout le monde, qui court après les joggeurs, les vélos, les enfants, qui bouscule tout le monde, ou qui s’approprie tout et ne veut rien partager.

La capacité des chiens à apprendre grâce aux autres chiens est impressionnante. Il ne faut pas hésiter à s’en servir ! Ces moments de balade, de partage et d’échange sont autant appréciés par les chiens que par les humains. Il existe aujourd’hui plein de sites où trouver de nouveaux compagnons de balade, Facebook est rempli de groupes de promenades par région, et Instagram a permis à beaucoup de gens de faire plein de connaissances. Profitez-en, baladez vous et rencontrez vous aussi de nouveaux humains. Attention tout de même : choisissez des compagnons de balade adaptés aux problématiques que vous rencontrez avec votre chien.

C'est pas beau, cette diversité ?