La punition, ça fonctionne. Mais à quel prix ?

J’espère que si vous me connaissez, vous avez actuellement les poils qui se hérissent et les yeux exhorbités ! Mais…

Laissez moi vous expliquer ce propos, et pourquoi malgré tout je souhaite éduquer les humains à proposer à leur chien des méthodes positives. Je vais donc vous raconter notre expérience d’hier.

Le contexte : je me balade avec Uméa, une jeune eurasier qui en général à la vue d’un nouveau chien est rarement à l’aise (sauf dans des contextes précis, comme chez nous, ou si elle est accompagnée d’un chien détendu et sûr de lui).

Après quelques minutes de marche, Uméa voit un chien à plusieurs dizaines de mètres. Il se roule, ne l’a pas vue. Elle décide donc d’avancer en ligne droite, queue haute, en sentant des odeurs au passage. Elle est encore assez loin de lui, et se met à faire un petit aboiement assez étouffé. A ce moment là, il la voit (tout ceci ne dure que quelques secondes). Il approche en prédation. Elle aboie une fois, assez fort. Il se met à foncer sur elle, très rapidement, en ligne droite. L’humain à qui j’ai demandé de rappeler ne fait rien, et continue juste sa balade. Donc je m’occupe de stopper l’interaction, mais elle a quand même dû fuir, s’est faite poursuivre, s’est arrêtée, retournée, a claqué des dents.

Qu'est-ce qu'elle a appris ?

On a croisé d’autres chiens au loin, sans faire de rencontre parce qu’elle ne le souhaitait pas (et car ceux là étaient soit bien géré par leurs humains soit assez à l’écoute de ses signaux). Elle n’a plus aboyé une seule fois.

Plus aucun son n’est sorti de sa gueule, car la conséquence de son aboiement a été négative, elle n’a donc pas réitéré.

On pourrait s’arrêter là, et se dire que la conséquence désagréable suite à son aboiement a fonctionné. En effet, il a foncé sur elle quand elle a communiqué vocalement… Donc elle a appris à ne plus aboyer !

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Sauf que cette intéraction a eu d'autres conséquences

Le comportement d’aboiement avait une utilité, exprimait quelque chose. Son malaise ne s’est pas envolé, il a même pu augmenter suite à cette intéraction. Certes, elle aura appris à ne plus aboyer, ou ne plus aller vers le chien, ce qui est bien pratique au quotidien pour l’humain.

Elle va tout de même chercher à ne pas subir la rencontre. D’ailleurs, après elle a proposé plusieurs choses, mais une est revenue fréquemment : s’allonger au sol, tête plaquée, corps tendu.

Elle s’exprimera, peut être différemment, probablement plus fort, peut être uniquement si le chien vient de très prêt. Mais la vue d’un chien restera une stimulation négative pour elle. Donc l’objectif de la rendre plus sereine est loin d’être atteint ! Et la réactivité reste.

eduquer un chien sensible

En conclusion :

Un comportement qui a comme conséquence quelque chose de désagréable peut disparaitre

(et encore, pas toujours !). Mais il ne faut pas oublier que le chien exprime ce comportement pour une raison. Si on ne s’attèle pas à trouver laquelle, le comportement va se modifier, voire s’amplifier, mais pas disparaitre. Il en va parfois de même avec les interactions canines, surtout quand il s’agit de comportements agonistiques.

Si un comportement lié à un mal être apparaît, nous devons apprendre ensembles à évoluer vers un état un peu plus positif ou neutre, au risque sinon d’empirer la situation. C’est en tout cas ce que je tente de faire au quotidien, parce que j’ai appris de mes erreurs déjà, et parce que mon but n’est pas d’avoir un chien qui fait bien, mais plutôt un chien qui est bien.