Aujourd’hui, j’ai envie d’essayer de répondre à cette question. Parce qu’on voit marqué éducateur bienveillant, mais que ça n’est pas toujours le cas, et finalement on ne sait pas trop ce que ça signifie. Je vous expliquer la notion d’éducation positive par la même, deux visions complémentaires à mon sens. Cependant on peut être en positif sans être bienveillant !
Partons de la définition de ce mot « bienveillant », qui signifie attentif au bonheur d’autrui. Ok, alors ça peut être que du chien, ou de l’humain, ou des 2. Le mieux étant le dernier cas bien sûr ! Donc si on se moque, on descend, on juge, on insulte, on menace, on fait peur, ou on crie sur les gens / chiens, ça ne risque pas d’apporter du bonheur, vous en conviendrez. Bon, ça c’est simple, assez facile à observer au moins. D’autres le chose le sont moins, comme la prise en compte des besoins, des émotions, des capacités du binôme, et bien plus encore. D’ailleurs, c’est pourquoi je pense que certains éducateurs en positif ne sont pas bienveillants (désolée d’avance mais il faut que j’en parle !). Pourquoi ? Je vais vous expliquer comment je vois l’éducation bienveillante plus en détail pour le comprendre.
Pour cela, nous allons prendre l’exemple le plus courant comme apprentissage pour illustrer le propos.
À l’arrivée d’un chiot l’apprentissage de la propreté est la première chose qui nous préoccupe en général. On va voir tout ce qu’il faut considérer pour faire cet apprentissage en toute bienveillance !
Prendre en compte les capacités
Un chiot de 2 mois va avoir du mal à se retenir plus de 2h à son arrivée, car physiquement il n’est pas totalement développé. Bon je suis pas super calée en anatomie, donc je vous ferai pas un cours sur les raisons (musculation sphincters, capacité de la vessie). Cela dit, il faut le prendre en compte, et donc se préparer à ne pas laisser un chiot toute la journée seul, sinon il apprendra à faire à l’intérieur évidemment, car il n’y aura personne pour le sortir assez régulièrement.
Ça n’est pas inné chez eux de faire la différence entre dehors et dedans, alors que l’apprentissage de la propreté au sens humain c’est ne pas faire pipi à l’intérieur. Le chien n’a pas ces notions là, mais il a la notion de ne pas faire pipi où il dort (normalement). Il faut donc avoir conscience que c’est à nous de lui apprendre, il n’est pas en capacité de comprendre dès son arrivée.
Comprendre La communication
Un chiot qui va avoir envie de faire ses besoins va l’indiquer, pas forcément volontairement au début. En général, ils tournent et sentent le sol. D’autres chouinent, car ils aimeraient sortir. Ils peuvent gratter la porte, attendre devant, vous regarder, venir vers vous… Ou même utiliser des signaux d’apaisement, car ils sont en situation d’inconfort ! En trouvant le signal, vous pourrez éviter beaucoup de pipis dans la maison ! Il faut donc beaucoup observer, et renforcer ces alertes en les prenant en compte, en sortant votre chien lorsqu’elles se manifestent, et en le félicitant lorsqu’il réussi.
Avec notre communication, nous allons l’aider à comprendre comment fonctionne notre monde d’humain. Nous allons donc l’aider, le guider, pour qu’il comprenne que ce qu’on veut c’est qu’il fasse dehors. C’est bien plus simple de montrer ce qu’il faut faire pour qu’il apprenne ! Le punir positivement (cris, menaces, coups, j’expliquerai la punition positive après dans la définition d’éducation positive) ne va faire que stopper un comportement dans l’immédiat (et peut en plus le rendre coprophage, ou lui faire faire encore plus pipi de peur, détruire la relation de confiance…). On va donc le féliciter quand il fait dehors, prévenir plutôt que guérir (le sortir à des moments clés où on sait qu’il va probablement faire), aller dehors avec lui et pas juste lui dire « dehors ».
Nous devons impérativement étudier notre communication verbale et non verbale pour apprendre aux chiens à nous comprendre.
Connaître les besoins inhérents à l'espèce canine
Ses besoins : un chiot a besoin d’eau constamment, comme un chien d’ailleurs, en accès libre, jour et nuit. L’en priver pour accélérer l’apprentissage de la propreté est une erreur, car on le prive d’une ressource essentielle. Les conséquences sont nombreuses : stress, potomanie, protection de cette ressource, excitation liée à la présence d’eau… Et niveau santé ça ne doit clairement pas être anodin non plus, pour leurs reins notamment ! Il est impératif de bien répondre aux besoins biologiques (boire, manger, dormir, être en bonne santé) pour que le chien soit bien dans ses pattes.
Mais il a aussi des besoins sociaux, d’activité, de sécurité, d’utilité, de respect pour être équilibré. Si on ne comble pas ces besoins, des problèmes de comportement peuvent apparaître, dont la malpropreté. Donc sortir son chien en liberté ou en semi liberté, lui offrir des choix, de l’attention et du temps, des activités masticatoires, des rencontres humaines et canines régulièrement est nécessaire pour ne pas avoir des pipis régulièrement !
COnsidérer l'individualité
En fonction de leur énergie, les chiens vont proposer des comportements différents. Des chiens qui s’excitent facilement, ou qui sont très méfiants que feront plus de « pipis d’émotion ». Donc leur apprendre à gérer leurs émotions, être plus calme ou prendre confiance en eux, aidera à apprendre à ne pas faire à la maison. Avec Minus, je n’ai quasiment pas eu de problème de propreté par exemple, tellement il était calme et à l’aise. Avec Jounka, grande sensible émotive ça a été très très très (très) long.
De plus, si le chien est de petite race, on observe souvent que la propreté est plus difficile à acquérir. Les raisons sont probablement multiples. Moins de cohérence des humains ? Espace de vie plus grands proportionnellement donc le chien est moins gêné de faire à l’intérieur ? Moins de sorties car on pense que ce sont des chiens qui en ont moins besoin ? Alèses souvent utilisées pour les plus petits qui lui apprennent à faire à l’intérieur et sur des tapis ? Mal être en extérieur car mauvaise socialisation, donc difficultés à faire dehors ? Attachement nocif, anxiété de séparation ?
Évidemment, toutes ces questions doivent aussi se poser pour des chiens plus grands, pour savoir comment bien aborder la propreté, mais il n’est pas rare qu’on ne considère pas les besoins des chiens de petite race, ce qui augmente les problèmes.
On peut aussi parfois penser que l’éducation bienveillante c’est donner à manger tout le temps à son chien pour le récompenser. Comment fait-on déjà, lorsqu’un chien n’aime aucune récompense alimentaire ? Comment fait-on lorsqu’un chien n’a pas encore assez confiance en nous pour apprécier nos caresses ? Il convient de s’adapter à lui, à ce qu’il apprécie, et surtout ne pas s’imaginer que la friandise est toujours primordiale et la seule chose qu’on peut utiliser. Il faut apprendre à bien caresser son chien, et à quel moment le faire ou ne pas le faire. Certains chiens aimeront uniquement les félicitations vocales dans certaines circonstances !
tenir compte de ses émotions
Contraindre ça n’est pas être bienveillant, car c’est forcer à subir sans prendre en compte les besoins ou émotions du chien (anxiété, stress, panique). Le forcer à être dans un environnement si petit (comme une cage) qu’il a soit le choix de se faire dessus soit de se retenir n’a rien de normal. Imaginez une seule seconde que petit on vous ait attaché à votre lit pour que vous ne puissiez pas en sortir au milieu de la nuit en cas d’envie pressante. C’est de la maltraitance, clairement, et ça n’aide pas un être vivant à se construire sereinement.
Pour chaque apprentissage on réfléchira donc aux émotions du chien, et on veillera à lui apprendre progressivement à les gérer sans le mettre dans des situations de stress excessif au profit de nos volontés. Bon je ne peux pas m’en empêcher alors j’en parle, on n’emmène pas son chien au marché pour le socialiser ni le sociabiliser, on ne le met pas au milieu de 10 chiens qui ne vont pas s’adapter à sa méfiance, sa frustration, son excitation… L’immersion ça n’est pas bienveillant ! On ne jette pas un arachnophobe dans une pièce remplie d’araignée pour lui apprendre à se contrôler, c’est pareil pour les chiens.
Et enfin être positif !
Pour être bienveillant, il faut proposer un apprentissage en méthode positive. Pourquoi ? Car c’est prouvé grâce à l’éthologie canine : les chiens sont bien plus heureux lorsqu’ils sont entrainés avec ces méthodes.
Une étude publiée en novembre 2019 dans la revue bioRxiv porte sur les relations entre bien-être du chien et renforcement positif. Quatre-vingt douze jeunes chiens entraînés dans 7 centres d’éducation canine utilisant soit la technique positive, soit le renforcement négatif, ont été évalués. Les animaux éduqués par la méthode la plus contraignante présentaient des niveaux de stress plus élevés que ceux qui bénéficiaient d’une éducation misant sur la récompense. Ils étaient aussi plus tristes. Ceci y compris quand les tests étaient terminés. Les chercheurs ne se sont pas contentés d’observer les signes d’anxiété. Ils ont également effectué des dosages du cortisol, l’hormone du stress. D’autres études se sont basées sur des IRM pour le prouver. Enfin, une autre étude de mai 2013 a mis en valeur le fait que les chiens récompensés apprennent plus vite. Il apparaît également que les chiens sont plus sensibles aux demandes directes – « Fais ceci » –, qu’aux interdictions – « Ne fais pas cela ». Selon une dernière étude, le cerveau des chiens réagirait de la même manière avec des récompenses alimentaires, ou l’attention humaine. Elles seraient donc toutes aussi importantes !
La science prouve l’intérêt d’utiliser des méthodes positives, mais c’est quoi exactement en fait ?
On doit baser l’éducation sur le renforcement positif (récompense physique, verbale, alimentaire ou même environnementale), et la punition négative (de manière moindre, voire pas du tout si c’est possible). Le renforcement positif c’est le fait de donner quelque chose d’agréable. La punition négative c’est le fait de retirer quelque chose d’agréable.
A l’inverse, les méthodes coercitives qui basent les apprentissages sur la dominance (pourtant démontrée comme erronée, inexistante par la science), la peur, la douleur, on utilise le renforcement négatif et la punition positive. Autrement dit, on enlève quelque chose de désagréable et on ôte quelque chose de désagréable au chien. Avec un collier par exemple : arrêter de mettre une tension sur le cou (zone très sensible) du chien permet d’enlever quelque chose de désagréable (Renforcement négatif), alors que mettre une saccade au collier ajoute un stimuli désagréable (Punition positive).
L’éducation positive doit aussi veiller à préserver l’intégrité physique du chien. Un matériel adapté (exit les colliers etrangleurs, electriques, torcatus, et même le collier plat si le chien tire), sera proposé pour ne pas causer de dommages physiques au chien au cours de ses apprentissages.
En résumé...
Pour être un bon éducateur bienveillant, il faut prendre en compte les capacités, comprendre la communication, connaître ses besoins, considérer l’individualité, tenir compte des émotions du chien et être en méthode positive ? C’est bien ça !
Cela signifie que si un éducateur canin vous rencontre et vous propose directement de lui apprendre une série d’ordre du genre « assis, coucher, pas bouger, au panier, au pied » il n’est pas, à mon sens, en méthode bienveillante, car il ne tient pas compte de tout ce qui a été indiqué si dessus. En effet, il faut avant de proposer des apprentissages, voir si le chien est capable de les apprendre, et si c’est bon pour lui, ou même utile. Personnellement, je n’utilise aucun de ces ordres ci dessus, pour de multiples raison, mais surtout parce qu’après avoir observer les chiens, avoir beaucoup lu, ils leurs sont délétères.
Si un éducateur canin vous propose de hurler sur votre chien ou de lui faire peur, de le retourner, le secouer, le prendre pas la peau du cou, l’étrangler, s’il vous dit « interdit de monter sur le canapé » sous prétexte de sa volonté de vous dominer il n’est pas non plus dans la catégorie bienveillant. Il a sûrement une connaissance erronée du chien, qui ne le conduit pas à vous proposer des méthodes qui vont mener au bonheur de la famille.
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